Photo © Kevin Ku

Solange Drouin et Bill Skolnik, coprésidents de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles, au nom des 30 organisations qui en sont membres.

Le 25 octobre, notre Coalition célèbrera son vingtième anniversaire. Hasard du calendrier, c’est le 25 octobre, justement, que nous rencontrerons le comité d’experts mandaté par le gouvernement Trudeau dans le cadre de la révision des lois sur la radiodiffusion, les télécommunications et la radiocommunication. Les deux événements seront l’occasion de rappeler nos engagements en faveur de la diversité des expressions culturelles. Une nouvelle réglementation adaptée aux enjeux du numérique est indispensable. Nous, membres de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles, organisation pan canadienne réunissant les principales organisations de professionnels francophones et anglophones du secteur culturel au Canada, voulons contribuer à son élaboration.

Il est urgent de se pencher sur le financement et la diffusion des contenus culturels nationaux. Nous pensons que tous les acteurs qui tirent des bénéfices de la création artistique doivent contribuer à son financement. Le champ des contributeurs doit être élargi aux fournisseurs actuellement non assujettis (fournisseurs d’accès internet, fournisseurs de service de téléphonie mobile) et aux plateformes sur le web, qui peuvent à la fois être des producteurs, des diffuseurs et des commerçants en ligne. Imposer ce rééquilibrage, c’est défendre la valeur de nos métiers et de nos réalisations.

Réfléchissons aussi à l’évolution des modes de diffusion de nos contenus culturels. Nous devons apprendre – et faire comprendre – le fonctionnement d’un algorithme. Comment sont « découverts » les musiques et films canadiens anglophones et francophones sur des plateformes telles que Spotify ou Netflix ? Quelles sont les données dont nous disposons pour les contraindre à assurer un minimum de présence canadienne en ligne et à recommander ces mêmes contenus à leurs utilisateurs ? Pouvons-nous obtenir davantage de transparence de la part des plateformes ?

L’intelligence artificielle est à l’origine des algorithmes de recommandation. À nous d’intervenir pour qu’elle favorise la diversité des expressions culturelles et à nous de mettre la culture au cœur des discussions sur l’évolution des technologies et leur impact sur nos industries. L’intelligence artificielle est aussi porteuse de promesses pour la création. Son développement pourrait cependant affecter durablement les modes de production des œuvres et le travail des artistes. Si une intelligence artificielle crée une forme artistique nouvelle à partir des œuvres d’un artiste, l’artiste en est-il encore l’auteur ? Et l’œuvre est-elle toujours une œuvre si elle est privée d’intention humaine ?

Nous pensons enfin qu’il est primordial de protéger et promouvoir la nature et la valeur des contenus culturels canadiens à l’échelle internationale. Lors de la renégociation de l’ALENA – devenu ACEUM – nous avons fait campagne pour le maintien de l’exemption culturelle. Nos arguments ont été entendus et nous saluons l’effort des gouvernements du Canada et du Québec qui ont permis que la culture soit exemptée des engagements commerciaux conclus avec le Mexique et les États-Unis. Nous avons aussi suivi de près les choix récents de l’Union-Européenne : le vote en faveur de la directive sur le droit d’auteur à l’heure du numérique, puis l’adoption par le Parlement européen d’un quota de 30% de contenu européen au sein des catalogues des plateformes de vidéo à la demande. Ces évolutions sont majeures et, comme nos partenaires européens, nous pensons qu’il est essentiel de préserver la capacité des États à mettre en œuvre des politiques de soutien aux expressions culturelles locales.

Le 25 octobre, nous célébrerons vingt années de cheminement en faveur de la culture. A la suite du travail déjà accompli, ce sont les défis d’aujourd’hui et de demain qui nous mobilisent. Les 26 et 27 octobre, nous poursuivrons notre réflexion avec nos collègues des coalitions africaines, européennes, sud-américaines lors du 5ème congrès de la Fédération internationale des coalitions pour la diversité culturelle (FICDC) qui se tiendra à Montréal. Inspirons-nous des initiatives internationales et trouvons des solutions locales rapidement !

Défis contemporains et futurs pour la diversité des expressions culturelles. Accès aux données, intelligence artificielle et perspectives internationales

Jeudi 25 octobre, 13h30 à 20h

Galerie Gora, 279 Sherbrooke Ouest, suite 2015, Montréal

Inscription obligatoire en ligne

    Révision des lois : enjeux et perspectives pour la diversité des expressions culturelles

    Communiqué de presse
    24 octobre 2018