L’impact de l’intelligence artificielle sur la diversité des expressions culturelles est déjà immense. Des œuvres protégées sont utilisées pour nourrir des machines, des produits s’apparentant à des œuvres visuelles ou littéraires sont générés en quelques secondes, des hypertrucages de grande qualité ont défrayé la manchette récemment. Le spectre de préoccupations est vaste, et si le droit d’auteur est l’aspect le plus discuté, ce n’est pas le seul. L’intelligence artificielle a aussi des impacts sur la main d’œuvre, sur le processus créatif et sur la façon dont les algorithmes de recommandation influencent ce qui est présenté aux citoyens. .
Les domaines de l’intelligence artificielle et de la culture ne sont pas simplement parallèles; ils sont inextricablement liés. Lors de l’événement All In, qualifié de « plus grand événement en intelligence artificielle au Canada », la culture a, heureusement, réussi à se tailler une place, permettant à des créateurs, professionnels et chercheurs d’échanger. La culture doit toujours être incluse dans les grandes discussions touchant au développement responsable de l’intelligence artificielle.
Une question essentielle se pose : ces développements peuvent-ils être bénéfiques à l’écosystème canadien de la création ? Nous croyons qu’avec des politiques publiques, une législation adaptée et davantage de partenariats entre les milieux créatifs et ceux de l’IA, cela est possible. Toutefois, cela requiert que la culture ne soit pas qu’une simple invitée aux discussions sur l’IA, mais une véritable partie prenante. Elle est, après tout, non seulement le reflet de notre identité commune, mais également un pilier de notre démocratie.
Pour arriver à une synergie entre la culture et l’IA, plusieurs leviers doivent être activés. On pense notamment à la mise en œuvre de notre nouvelle Loi sur la radiodiffusion par le CRTC, et à l’amélioration de notre Loi sur le droit d’auteur – malmenée par la révision de 2012, mais cela ne suffira pas. Il faut veiller à ce que la culture soit aussi au centre des consultations, des lois et règlements sur l’IA, par exemple la Loi C-27.
Pour cibler l’ensemble de ces leviers d’actions et bâtir rapidement une stratégie efficace, nous pourrions prendre exemple sur la France, où le Conseil stratégique de l’intelligence artificielle vient de créer un comité d’experts axé sur les questions culturelles. Le Canada pourrait bénéficier grandement d’une initiative similaire, idéalement sous l’égide partagée du ministère de l’Industrie, des Sciences et du Développement Économique et du Patrimoine canadien.
Il est temps pour le Canada de reconnaître et de valoriser la confluence de l’IA et de la culture, non pas comme deux domaines distincts, mais comme des partenaires aux destins liés.
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